Ce roman est une réécriture de
conte par l’auteur de la saga Phobos que j’ai tant aimé en janvier. Il existe
un deuxième tome que je n’ai pas encore lu mais je trouve que le livre se
suffit à lui-même.
Blonde a 17 ans, elle a vécu pratiquement
toute sa vie au couvent. Elle est jolie, pure, indolente et possède de
magnifiques boucles blondes qui lui ont données son nom.
Depuis très jeune, les sœurs la
tiennent à l’ombre, sous des plaids avec des lunettes teintées car elles
estiment qu’elle a une santé fragile. Un jour un notaire vient la voir à la fenêtre
de sa cellule pour lui remettre une chemise contenant d’étranges documents qu’il
estime reliés à sa vie. Il s’agit, notamment, de la déposition de police d’une
jeune fille s’étant perdue dans les bois une vingtaine d’année auparavant et
recueillie par deux hommes très particuliers.
Blonde rejette d’abord ces
documents puis s’en passionne jusqu’au jour où sa vie commence à changer et qu’elle
s’enfuie à la recherche de ses origines.
J’ai aimé ce roman tout d’abord
pour la plume de l’auteur que j’adore. Nous sommes loin de l’espace et de la
dystopie mais je trouve l’écriture toujours aussi riche et puissante. Loin de
la mise en scène contemporaine de la télé réalité, l’écrivain nous projette au cœur
du début du XIXème siècle : le vocabulaire et le style s’adapte
à l’époque du récit et permet une imprégnation complète à l’atmosphère.
Les personnages sont
charismatiques et l’auteur ne livre que le minimum d’informations nécessaires
pour s’attacher à eux ou bien au contraire pour ressentir une profonde aversion
à leur sujet. Blonde a beau se laisser balloter au début du roman, elle est une
jeune femme qui se révèle forte au court du récit aussi bien à ses propres yeux
qu’à ceux des autres. J’ai aimé qu’elle soit replacée dans le contexte des
années 1830 où il était mal vu pour une femme de vouloir être indépendante et faire
ses propres choix. Malgré ces conditions, elle cherche pourtant sa liberté
ainsi qu’à savoir qui elle est et d’où elle vient.
Loin de la naïveté du conte d’origine,
ce récit est puissant, torturé et met en exergue la violence qui peut habiter
chacun de nous. En plus de la malédiction qui frappe certains protagonistes de
l’histoire, chaque personne du récit a un caractère qui s’exprime de manière
différente. Comme dans la vie courante, certains seront calmes, d’autre
placides, certains encore des sanguins qui s’énervent pour un rien et se
calment tout aussi vite tandis que d’autres vont ruminer indéfiniment. Quelle
que soit notre nature, nous pouvons avoir des personnes qui nous aiment pour
qui nous sommes et qui s’adapterons à notre caractère tout comme nous nous
adapterons aux leurs. Ce livre m’a rappelé aussi que malgré la nature de base
de notre caractère, nous pouvons changer, nous pouvons modifier nos façons d’être
mais que le faire pour les autres n’est pas sain. Il faut le faire pour nous
sinon nous ne tiendrons pas, de plus les personnes qui souhaitent un changement
ne nous aiment peut être pas inconditionnellement ; ceux ou celles qui
voudront nous aimer toute notre vie le feront quel que soit nos convictions ou
bien notre physique : brun-e-s, blond-e-s, imberbes, poilu-e-s, calmes,
excité-e-s. J’ai le sentiment que ce livre nous rappelle que nous ne sommes pas
un corps et un esprit cohabitant l’un avec l’autre mais un tout à prendre
ensemble sans dissociation.
En lien avec ceci, j’ai encore lu
dans ce livre de Victor Dixen beaucoup de tolérance vis-à-vis de l’autre, de
son corps, de sa vie, de ses choix (ou de son absence de choix) mise en opposition
avec des mentalités beaucoup plus fermées. Il faut, selon moi, faire le parallèle
avec notre société actuelle puisque nous tendons à vouloir des esprits ouverts
quant aux mœurs et les choix de vie de chacun mais parfois nous nous heurtons
violemment aux convictions de certains qui diffèrent radicalement. Je pense ici
à toutes ces problématiques autour de l’homosexualité et de la manif pour tous.
Ces questionnements ne sont pas ceux du livre, mais je n’ai pas pu m’empêcher
de faire ce lien durant ma lecture.
Ce livre est pour moi un petit bijou
qui se révèle bien plus sombre et noir qu’il ne le laisse présager. De manière
générale, j’aime énormément les réécritures de contes pour dépasser justement
le côté parfois enfantin des œuvres actuelles (je ne parle pas ici de Perrault
qui est loin d’être édulcoré dans ses versions originales). L’univers est
prenant, il a du mal à se laisser poser et il continue à tourner même lorsque
le livre est fermé.
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